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Le ghetto intérieur / Amigorena, Santiago (1962-....). Auteur
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Edité par Editions Gallimard. Paris - 2020
Buenos-Aires, 1940. Des amis juifs, exilés, se retrouvent au café. Une question : que se passe-t-il dans cette Europe qu'ils ont fuie en bateau quelques années plus tôt ? Difficile d'interpréter les rares nouvelles. Vicente Rosenberg est l'un d'entre eux, il a épousé Rosita en Argentine. Ils auront trois enfants. Mais Vicente pense surtout à sa mère qui est restée en Pologne, à Varsovie. Que devient-elle ? Elle lui écrit une dizaine de lettres auxquelles il ne répond pas toujours. Dans l'une d'elles, il peut lire : "Tu as peut-être entendu parler du grand mur que les Allemands ont construit. Heureusement la rue Sienna est restée à l'intérieur, ce qui est une chance, car sinon on aurait été obligés de déménager." Ce sera le ghetto de Varsovie. Elle mourra déportée dans le camp de Treblinka II. C'était l'arrière-grand-mère de l'auteur. Santiago H. Amigorena raconte le " ghetto intérieur " de l'exil. La vie mélancolique d'un homme qui s'invente une vie à l'étranger, tout en devinant puis comprenant la destruction de sa famille en cours, et de millions de personnes. Vicente et Rosita étaient les grands-parents de l'auteur qui écrit aujourd'hui : "Il y a vingt-cinq ans, j'ai commencé un livre pour combattre le silence qui m'étouffe depuis que je suis né". Ce roman est l'histoire de l'origine de ce silence.
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La culpabilité des victimes
Ce livre raconte la vie d’un juif polonais exilé en Argentine dans les années 30. Il a quitté sa mère et son frère pour construire sa vie sur un autre continent. Plus la pression sur les juifs s’intensifie en Europe et les conditions de vie ou de survie se compliquent, plus cet exilé culpabilise : « pourquoi eux et pas moi ? ». Il devient une victime indirecte de la Shoah. Il se renferme sur lui-même. A des milliers de kilomètres, il s’inflige un emprisonnement comme s’il accompagnait dans la réclusion sa famille rester en Pologne. A travers cet ouvrage nous rentrons complètement dans cette mécanique infernale. Nous aimerions pouvoir aider le personnage principal, le sortir de son enfermement intérieur. Ecrire est peut-être le meilleur moyen de se libérer, d’extérioriser ses sentiments. L’angle abordé pour parler des souffrances de la persécution des juifs me semble particulièrement intéressant. J’ai ressenti la peur et l’impuissance qu’éprouve le personnage principal face à l’éloignement et aux évènements terrifiants. J’ai beaucoup aimé cet ouvrage pour les émotions que j’ai éprouvées en le lisant. Toute proportion gardée, l’histoire de cet homme fait écho aux familles des victimes des attentats islamistes. Les victimes sont beaucoup plus nombreuses que les seuls blessés et morts. Les familles souffrent des dommages subis par leur proche.
LEGER DIDIER - Le 16 novembre 2021 à 14:42