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Frère d'âme, roman / Diop, David (1966-....). Auteur
Livre
Edité par Éditions du Seuil - 2018
Un matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand siffle l’attaque contre l’ennemi allemand. Les soldats s’élancent. Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux d’Alfa, son ami d’enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s’enfuit. Lui, le paysan d’Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom. Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l’effroi. Au point d’effrayer ses camarades. Son évacuation à l’Arrière est le prélude à une remémoration de son passé en Afrique, tout un monde à la fois perdu et ressuscité dont la convocation fait figure d’ultime et splendide résistance à la première boucherie de l’ère moderne.
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Amis jusqu’à la folie
Comparer l’intérieur du sexe d’une femme et une trachée de la 1ère guerre mondiale, il fallait oser ! David Diop l’a fait dans son roman Frère d’âme. La mort de son « plus que frère » Mademba Diop fait basculer Alfa Ndiaye dans la folie. Après des actes d’une violence inouïe sur ses ennemies, il est renvoyé du front pour se reposer. Avec l’aide d’un médecin, il pense alors à sa vie, il revient sur des moments importants qui ont structuré son existence. Il s’interroge sur la définition de l’humanité. Sommes-nous plus humains en accompagnant notre ami souffrant de douleurs insupportables ou en accédant à sa demande d’abréger ses souffrances ? A-t-il une responsabilité dans la mort de son ami ? Ce livre parle de la guerre, d’une amitié mais aussi de magnifiques décisions que peuvent prendre les hommes. Nous pouvons retrouver chez les hommes les plus belles actions comme les pires. Un humain est par exemple capable de se séparer de ce qu’il possède de plus précieux pour montrer sa gratitude envers son prochain. Il peut aussi l’éventrer et le laisser agoniser pendant des heures jusqu’à la mort. Il y a plusieurs personnes en nous, selon les circonstances l’une ou l’autre peut apparaitre. Dans de nombreux passages du livre nous retrouvons l’opposition entre intérieur et extérieur : dans les tranchées et en dehors lors des assauts, les boyaux à l’intérieur du corps lorsque tout va bien et à l’extérieur lorsque le soldat est éventré, l’intérieur et l’extérieur du sexe de la femme. Ce roman peut éventuellement se résumer par une dichotomie entre l’intérieur et l’extérieur de la tête du héros Alfa Ndiaye : ce qu’il entreprend et ce qu’il pense, ce qu’il ressent. J’ai aimé ce roman même si parfois je l’ai trouvé déroutant.
Déelle - Le 16 mars 2022 à 10:36