Syracuse

Avis des professionnels

• Défaire pour devenir 5/5

  "Dans la nuit, le fils ne discerne qu'un clocher d'église, les flots vaillant de la rivière et le métal des carillons de porte. Le fond du Puits est calme, on se demande s'il est habité." Un écrin noir renfermant une langue puissante, telle est l'image que la lecture du dernier roman de Cécile Coulon m'inspire, une fois refermé le roman. La Langue des choses cachées, est en effet écrit dans une langue nouvelle ; nouvelle par sa hâte de dire, mais de dire juste, par le sens de chaque mots couché sur le papier, comme on déguste un bonbon lentement pour en atteindre le cœur, par la justesse du propos enfin qui révèle ce que l'âme a de plus sombre, voir d'inepte. Les personnages du livres n'ont pas de nom, un parti pris pour donner à une histoire singulière une dimension universelle ? Quoiqu'il en soit le choix est gagnant puisque ce qui sera non dit dira plus que ce qu'il cache. La "mère" a élevé le "fils" en lui transmettant son savoir. C'est un savoir ancien, avant la parole, avant la science de l'homme. Le "fils" a accompagné la "mère" chaque fois qu'elle était appelée en secret, parce qu'il n'est pas de bon ton de recourir à ses dons. Mais la "mère" est âgée et ne peut plus faire des grands déplacements. Alors c'est le "fils" qui est envoyé au Fond du Puits auprès d'un enfant souffrant pour apaiser avec les mots cachés les douleurs qui l'habitent. Jamais le "fils" n'avait dérogé au rituel de la "mère", il serait dangereux de s'aventurer hors du chemin qu'elle a patiemment et méticuleusement dessiné dans l'esprit du "fils". Ce premier voyage sera pourtant bien différent de ce qu'il en attend, il fera ressurgir les ombres d'un passé dramatique que la mère a contribué à rendre terrifiant. Une grande douleur et une terrible épreuve attendent le "fils".

  ESTER bibliothécaire Échirolles - Le 21 février 2024 à 07:50