Syracuse

Avis des lecteurs

• Un pays de gueux dressés à coup de triques 3/5

  Chili, 2015, après Allende, après Pinochet, après l'opération Condor (suppression de tous les opposants au régime). Mais au quotidien, on y est toujours : les survivants de la dictature continuent de panser leurs plaies dans la pauvreté, tel Stefano autrefois torturé et blessé. Les partisans de la dictature sont toujours là, derrière des masques de respectabilité d'hommes d'affaire et d'industriels (Schober, ultra riche qui veut toujours s'enrichir encore plus, Porfillo, son bras droit aux mains pleines de sang). Et puis il y a les idéalistes, tel ce père Patricio, ange sur terre, ou Gabriela, jeune Mapuche belle et intrépide. C'est l'affrontement des gentils contre les méchants, sur fond de trafic de drogue qui tue les enfants pauvres. Il y a beaucoup de morts et beaucoup de violence, comme souvent chez Caryl Férey. Et il y a ce jeune "hors sol", Esteban, à cheval entre deux mondes puisqu'il est issu de la classe sociale très riche et corrompue, et qu'il défend en qualité d'avocat les pauvres et les causes perdues, vaquant lui-même pieds nus.... Le cadre géopolitique est posé, la corruption à tous les étages dénoncée, le rôle sombre des CIA et DEA américaines dévoilé. Mais à l'inverse d'autres livres de l'auteur, j'ai été submergée par la noirceur et la laideur décrites, je n'ai trouvé aucune respiration, aucune bouffée d'air. L'histoire d'amour m'a paru trop surfaite, caricaturale, je n'y ai pas cru, et de toute façon ça finit mal. Bref, livre intéressant, mais j'ai perçu plus de rage impuissante que de colère constructive, et ça m'a un peu plombée.

  SELLAMI AIDA - Le 09 mai 2025 à 19:00