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Ces orages-là, roman / Collette, Sandrine (1970-....). Auteur
Livre
Edité par JC Lattès ; Impr. CPI Brodard et Taupin - 2021
Clémence a trente ans lorsque, mue par l'énergie du désespoir, elle parvient à s'extraire d'une relation toxique. Trois ans pendant lesquels elle a couru après l'amour vrai, trois ans pendant lesquels elle n'a cessé de s'éteindre. Aujourd'hui, elle vit recluse, sans amis, sans famille, sans travail, dans une petite maison fissurée dont le jardin s'apparente à une jungle. Comment faire pour ne pas tomber et résister minute après minute à la tentation de faire marche arrière ? Sandrine Collette nous offre un roman viscéral sur l'obsession, servi par l'écriture brute et tendue qui la distingue.
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Sourde emprise
"Elle est partie. On dit : comme une voleuse, mais elle n'a rien volé. Elle a enfin compris que cela irait plus mal encore que ça n'allait." Clémence a pris son courage à deux mains. Clémence ne peut plus vivre à coté de cet homme qui la brise et la terrorise. L'emprise de Thomas est totale, personne ne s'en aperçoit, Clémence est transparente, personne ne voudra la croire, car Thomas est invincible, solaire, si aimable avec les autres. Durant trois ans Clémence a vécu claquemurée dans l'angoisse. Mais elle est partie, elle a fuit, pas loin certes, mais elle a réussi. Pourtant cette petite victoire ne la rend pas plus légère, au contraire, quelque chose continue de lui coller à la peau et une question la taraude : une autre vie est-elle possible après ça ? L'autrice de "Et toujours les forêts" a choisi pour son nouveau roman un univers en huit-clos, elle a pris le parti de traiter une thématique sensible, d'une actualité toujours brûlante : la relation toxique dans le couple. Un projet d'écriture de longue date pour Sandrine Collette. Le récit, grâce à un jeu subtil de ponctuation - ici surtout les tirets - happe le lecteur, le laisse suspendu avant de le faire retomber sur des phrases incomplètes qui traduisent des respirations si ce n'est des chausses-trappes. C'est un roman avec vu sur précipice et les mécanismes de l'emprise minutieusement décrits : l'insécurité, la peur, la solitude, l'impossibilité de partager, de s'ouvrir aux autres. "Ces orages là" ne plante pas son décor dans des grands espaces sauvages, contrairement à d'autres romans de l'autrice, la forêt, si elle est présente, elle est juste le théâtre de chasse. À l'inverse le petit jardinet de l'appartement où Clémence s'est réfugiée, est en soi une forêt, la clôture une frontière et le petit étang, où nage un petit poisson à moitié dévoré, un écho du sentiment marécageux dans lequel vit l’héroïne. L'amour et la haine sont les sentiments les plus puissants de l'âme humaine ; les plus malmenés par la vie - une fois amputés de leur amour propre - peuvent déchainer des orages intérieurs d'où tout peut arriver.
ESTER bibliothécaire Échirolles - Le 02 juin 2021 à 08:52