Avis des professionnels

• "C'est somptueux la Provence. Somptueusement laid quand on regarde de près” 4/5

  Dans ce petit village de Provence, dans le Lubéron, ce ne sont pas les beaux paysages qui sont contés, mais toute sa noirceur. Ici, il n’y a pas de place pour la différence : les jugements et le tribunal populaire vont bon train. Paul-Marie, comptable à la mairie de la commune qui l’a vu grandir, en fait les frais. Accusé d’avoir agressé sexuellement Enzo, son stagiaire atteint de déficience intellectuelle, l’homme est contraint de se cacher dans le grenier de sa mère, Claude. Mais qui détient la vérité ? Geneviève, la mère d’Enzo qui a propagé les accusations, ou bien Paul-Marie qui a toujours vécu en retrait de la société ? Le roman est découpé en trois points de vue : celui de Claude, d’Enzo, et enfin de Paul-Marie. L’écriture de ce drame social est très souvent vulgaire et ne laisse aucune place à l’espoir. J’ai beaucoup aimé Claude, qui élevée comme un garçon, a appris l’indépendance, mais aussi à cacher ses émotions, et être un mur inébranlable. Ce mur, elle continue de l’être quand son fils est accusé, envers et contre tous Enzo, à contrario, m’a étonnée. Dans l’imaginaire collectif, on imagine naïvement que les personnes atteintes de déficience intellectuelle comme des personnes naïves, bloquées dans l’enfance, incapables de faire leurs propres choix et vivre tout simplement. Or, Enzo a une sexualité, cherche à faire sa vie sans l’influence de sa mère surprotectrice et qui l’étouffe. Enfin, nous remontons le cours du temps avec Paul-Marie, de son enfance jusqu’à l’âge adulte. Avec un père violent, le jugement des autres et l’effacement face à une société qui n’a pas voulu de lui, et l’a condamné à faire des choix indignes de sa bonne âme. Chaque point de vue permet de mieux comprendre les personnages, de les aimer ou les détester. Peu importe le dénouement et ce que l’on en pense, ce roman ne nous laissera pas indifférent

  Chloé C, bibliothécaire Echirolles - Le 12 janvier 2024 à 10:57