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Renoir / Distel, Anne (1947-....). Auteur
Livre
Edité par Citadelles & Mazenod. Paris - 2009
Quatre mille ! c'est le nombre d'oeuvres attribuées à Renoir, dispersées dans tous les grands musées du monde. Cet artiste, dont le cercle d'amis s'étendait de Monet à Manet ou de Sisley à Caillebotte, ne voulait s'exprimer qu'à travers son art. Est-ce la raison pour laquelle aucune monographie d'importance ne lui a été consacrée ces vingt dernières décennies ? Voilà le défi enfin relevé. En analysant en détail ses soixante ans de travail ininterrompu, Anne Distel a dégagé l'immense intérêt de son oeuvre : l'appel irrésistible des couleurs, l'approche sensuelle et naïve de sa peinture qui permet la compréhension immédiate du spectateur, des types simples, modèles d'atelier ou bourgeois, facilement accessibles. Ne nions pourtant pas les écarts de qualité entre des oeuvres de la même époque, qui ont nui à la réputation du peintre, faisant parfois oublier ses chefs-d'oeuvre. Grâce à l'auteur renaît toute une époque : nous y voyons Charles Gounod encourager le peintre, Alfred Sisley devenir un intime, Frédéric Bazille né comme lui en 1841 devenir proche, Daubigny et Corot le sou-tenir ; Renoir deviendra même l'ami proche, puis l'exécuteur testamentaire, de Gustave Caillebotte. Quant aux écrivains, ils ne sont pas en reste Zola et Stéphane Mallarmé, Octave Mirbeau deviennent des défenseurs ardents. Nous participons à l'aventure, allant de cercles d'amis en Salons parisiens ou Expositions universelles, d'ateliers d'artiste en escapades bretonnes, italiennes, algériennes ou cagnoises. Le rôle des grands marchands voire de mécènes, tels Paul Durand-Ruel, Charles Ephrussi, Paul Bérard, Albert Cahen d'Anvers, le docteur Bames, Henri Rouan... tient une grande place dans ce récit. Admirons enfin son oeuvre comme l'a fait le grand historien d'art Elle Faure : Aimez-le pour ces bras épais, ces bouches bestiales qu'il aime, puisqu'il vous fait aimer, grâce à ce caraco malpropre où il a vu s'allumer des rubis, trembler des perles, flotter des opales, la poitrine dure et le cou robuste de cette jeune servante, près de laquelle vous alliez passer sans la voir. Souvenez-vous qu'il a fallu sur-prendre bien des regards sous des voilettes, de char-mantes moues sur des lèvres, bien des abandons enivrés dans les bras du danseur ou sur la poitrine de l'amant, bien des rires et des sauts de petite fille éblouie, pour ne plus voir que ces vastes formes sommaires qui semblent concentrer, dans leurs épaisseurs battantes, le sang et le feu du soleil... Et demandez-vous quelle somme d'amour, de souffrance, de sagesse, il faut entasser dans son coeur pour être digne de rentrer dans l'innocence édénique .
Voir la collection «Les Phares (Paris. 1990), 2009»
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